EXIL INTERMÉDIAIRE

 

Parait que c'est ici le moment de l'année où l'on enregistre le plus grand nombre de suicides. Parait que c'est aussi celui où il se vend le plus de "mugs" en forme de chats . . . Va savoir. Elle habite de l'autre côté du fleuve. Où il fait moche et froid. Mais elle ne pense pas au suicide. Peut-être parce qu'elle n'a pas de mug(s) en forme de chat. Peut-être parce que "Vivre de l'autre côté du fleuve" n'est pas un argument en soi . . Pas plus que la brume et le froid . . . 

 

Peut-être aussi parce qu'elle sait. Que la forme du mug ne change pas le goût du thé. 

 

"We live in a self-indulgent, me-oriented, materialistic society." He said. 

 

 

« L'homme-consommateur se considère comme devant-jouir, comme une entreprise de jouissance et de satisfaction. Comme devant-être heureux, amoureux, adulant/adulé, séduisant/séduit, participant, euphorique et dynamique. C'est le principe de maximisation de l'existence par multiplication des contacts, des relations, par usage intensif de signes, d'objets, par l'exploitation systématique de toutes les virtualités de jouissance. Il n'est pas question pour le consommateur, pour le citoyen moderne de se dérober à cette contrainte de bonheur et de jouissance, qui est l'équivalent dans la nouvelle éthique de la contrainte traditionnelle de travail et de production. L'homme moderne passe de moins en moins de sa vie à la production dans le travail, mais de plus en plus à la production et innovation continuelle de ses propres besoins et de son bien-être. Il doit veiller à mobiliser constamment toutes ses virtualités, toutes ses capacités consommatives. S'il l'oublie, on lui rappellera gentiment et instamment... Sinon, il courrait le risque de se contenter de ce qu'il a et de devenir asocial. » 

 

Jean Baudrillard (La Société de consommation, 1970). 

  

 

Alors on devient peu à peu asocial. On donne son corps à la flamme. On se suffit à soi-même.

 

 

 

"Pourquoi étais-je obsédé par les gens, comme ça ? Est-ce que c'était normal de s'obnubiler sur des inconnus d'une façon aussi pénétrante et enfiévrée ? (...)  Il me semblait que non. (...) J'étais fasciné par les inconnus. (...) Souvent je croisais dans la rue des gens qui avaient l'air intéressant, puis, des journées entières, je ne cessais de penser à eux, imaginant leurs vies, inventant des histoires à leur sujet dans le métro ou dans le bus (...)"


 

"Peu de temps auparavant, j'avais veillé avec ma mère et regardé Citizen Kane, et j'aimais beaucoup l'idée qu'une personne puisse remarquer une étrangère fascinante en passant et s'en souvenir le restant de sa vie. Un jour, moi aussi peut-être, je serais comme le vieil homme du film, enfoncé dans mon fauteuil, les yeux dans le vide, et je dirais : « C'était il y a soixante ans, et je n'ai jamais revu cette fille aux cheveux roux, mais vous savez quoi ? Tout ce temps-là, pas un mois ne s'est écoulé sans que je pense à elle.»"

 

 

Dehors peu à peu la rumeur s'estompe.

Il fait parfois bon vivre de l'autre côté du fleuve.

 

 

© Matin-ROUGE 2017

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Commentaires: 10
  • #1

    Memphis 2 caille (dimanche, 22 janvier 2017 08:41)

    Le chardonneret donna tarte à William Randolph Hearst quand celui-ci sussurait à propos de l'imaginaire fille aux cheveux de feu : "Throw that junk !"

  • #2

    Matin-Rouge (dimanche, 22 janvier 2017 12:37)


    @M'en-fiche-de-paye:
    All that fuss pour une traîne-sauvage . . .
    (Oh fork! I just spoiled a Masterpiece. ^_^)

  • #3

    ben (dimanche, 22 janvier 2017 13:25)

    t'as toujours été une sauvage :p

  • #4

    O (dimanche, 22 janvier 2017 15:45)

    Une sauvage ? Une louve qui a dompté le feu. ;-) Des bisous.

  • #5

    Menica (dimanche, 22 janvier 2017 17:12)

    Exil intermédiare ? Alors la greffe n'a pas pris ? Et sinon, bien le pullitzer ?

  • #6

    Clairvie (dimanche, 22 janvier 2017 17:26)

    Un feu de cheminée et une pile de livres. De quoi passer au travers de l'hiver.
    Je lis toujours assidument votre blog même si j'interviens peu souvent. J'apprécie toujours autant l'atmosphère qui s'en dégage et suis comme beaucoup admiratives de vos talents. Je vous souhaite puisqu'il est encore temps mes meilleurs voeux pour cette année 2017.

  • #7

    Duij (dimanche, 22 janvier 2017 20:52)

    "La forme du mug ne change pas le goût du thé." C'est très joli ça. Plus joli que le début de l'article que je trouve franchement désespérant et pas à sa place. Mais au final ce contraste entre le début et la fin dans les couleurs comme dans le ton rend le tout plutôt intéressant et homogène. Et la réflexion en filigrane sur la notion de bien être dans notre société matérialiste est plutôt bien sentie. Voilà mon avis. ;-) Bises

  • #8

    Le Marginal Magnifique (lundi, 23 janvier 2017 16:08)

    Moi je propose de faire l'amour dans les magasins !

  • #9

    Benjamin (lundi, 23 janvier 2017 16:09)

    Une critique littéraire à venir du chardonneret ?

  • #10

    Matin-Rouge (lundi, 23 janvier 2017 22:07)

    Bien l'bonsoir,

    @ben: Pas faux. :p
    SAUVAGE, adj. ( . . . ) Qui vit à l'écart des influences humaines ( . . . )
    Qui n'est pas domestiqué. ( . . . ) Difficile à apprivoiser. . .

    @O: Moi j'ai pas allumé la mèche. C'est Lautréamont. Qui me presse. Dans les déserts . Là ou il prêche. Ou devant rien. On donne la messe. Pour les écorchés ( . . . ) x

    @Menica: Pausa. Ci penso io. ; - )
    Concernant "Le Pullitzer" : Je découvre seulement la prima Donna et j'aime beaucoup !
    (Attention, roman-fleuve de plus de 1000 pages ; il faut s'accrocher. ; - )) La baïeta vai !

    @Clairvie: Pas "passer au travers". "Tirer profit de". : - )
    Merci pour les compliments et la fidélité. "Être présent, c'est bien plus qu'être là." disait Malcolm (Non, pas celui-ci, l'autre.^^) Forbes. Et j'ajouterais qu'il n'est jamais trop tard pour bien faire. : - ) À vos souhaits !

    @Duij: Merci pour ta franchise. Appréciable et appréciée. ; - )

    @LMM: I have to decline. ^_^

    @Benjamin: Il existe bon nombre de sites dédiés à la critique littéraire, et foultitude de personnes rompues à l'exercice qui ont déjà donné de la plume pour le Chardonneret.
    En voici une : http://minimalyks.tumblr.com/post/83538011531/le-chardonneret-donna-tartt (Si vous ne l'avez pas lu je vous suggèrerais néanmoins de vous en tenir à la 4ème de couverture, et de vous laisser happer. ; - ))

    Bien à Vous,
    Aurore

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