Les présentations, j'ai jamais bien su faire.

 

T'as probablement déjà croisé plusieurs personnes qui portent le même prénom. Les mêmes fringues. Le même parfum. Le même sourire. J'saurais pas bien dire ce qui me rend différente. Et j'suis pas sure que ça t'intéresse. Au fond toi c'que tu veux c'est juste mettre un nom sur ma trombine. Nom qu't'auras probablement oublié au trente-troisième serrage de pogne. Quand tu m'auras présenté ton père, ton voisin, ton pote. Ou ta *Bip*.

(Oui, elle a l'irrévérence vulgaire, pardonnez-la.) Elle, c'est moi. Distanciation.

Provoc', orgueil, schizophrénie. À toi de choisir le tiroir dans lequel tu m'enfermes. Du genre moche et massif dans le buffet de grand-mère. (L'ancêtre n'est plus mais le mobilier survit. Imposant, grossier. Austère.) J'te tutoie parce que j'te connais pas. Logique imparable. Et puisqu'on peut tout se dire... Je m'appelle A. Mais on m'appelle M. Quand je dis "on", c'est Lui. Avec un "Tcomme. Benoît. C'est ça. J'ai peu ou prou l'même âge que toi. Sauf que j'compte plus mes balais. (Depuis qu'j'ai compris que personne me les prendrait.) Alors relax conchita, dé-serre les canines. On est pas obligé de s'balancer nos CV à la poire, pas vrai ? On peut jouer, bien sûr, à c'lui qui a le mieux rêvé sa vie. Mais on va pas s'infliger ça, si ?

"Tu t'méprends, meuf ! (Vois comme mon auditoire me parle !) ; ça m'intéresse vraiment. Qui tu es, c'qui t'fait te lever la nuit. Pour quoi tu pleures. Pourquoi tu ris." Wait, wait, waaait !!! C'qui m'fait me lever la nuit c'est une furieuse envie d'uriner. (Rires) Pour le reste on s'connait pas assez... 

Alors faudra qu'tu sois patient. Qu't'apprennes à lire entre les lignes. Et au-delà. Parce que c'est que d'l'écrit , tu comprends. Rien d'autre que ça. Ici j'oscille entre l'over-coolitude bruyante, l'insolence crasse et le détachement assumé. Mais dans la "vraie" vie... Enfin, tu sais.   

 

Translation                                                                                                                                                                                     

Introducing myself. I've never been able to.
You probably have already met many people sharing the same first name. Same clothes. Same fragrance. Same smile. I wouldn't be able to say what makes me different. And I'm not sure you're interested in. I guess you just wanna put a name on my face. Name you'll probably forget, in real life, after 33 hand's shaking. When you'll introduce me your father, your neighbor, your pal. Or your *Beep*. (Editor's note: In french "Beep" is phonetically close to "Cock".)
(Hell yeah: She's got a vulgar irreverence. Pardon.) "She" it's Me. Detachment.
Bravado, pride, schizophrenia. It's up to you to choose the drawer in which you enclose me. Ugly and heavy kind, in Grandma sideboard. (Ancestor passed away but furniture outlast. Imposing. Rough. Austere.) I'm on first-name terms because I don't know you. Compelling logic. And since we have no secrets... My name is "A". But one call me "M".  When I say "one", it's Him. With a "T" for. Benoît. Right. I'm more or less your age. Except I don't count *years* anymore. (Editor's note: In french, there is a familiar way to count in "Brooms" instead of "Years". Clarifying this point will hopefuly help you to understand the next sentences.) (Since I realised nobody would take it from me.) Well, relax Conchita (
Editor's note: Popular way to call "Maids". With reference to the spanish forename), release the fangs. We don't need to throw ourselves our CV in the face, right? Of course we can play the game of "Who have the best life?". But we don't wanna put ourselves through this, right?
"You're wrong, chick!" (See how my audience talk to me!) ; I'm really interested in. Who you are, what's waking you up at night. What do you weep for? Why do you laugh? Wait, wait, waaait!!! What's wake me up at night is an intense urge to pee. (Laughing out loud) For the rest we don't know each other enough...
Then, you've to be patient. To read between the lines. And beyond. Cos' these are just words, you know. Nothing else but that. Here I swing between noisy overcoolness, crass insolence and assumed detachment. But in "real" life... Well, you know. 

 

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